1. INTRODUCTION : Depuis ses débuts, l'empire romain a connu des périodes de pénuries monétaires. Déjà durant le règne d'Auguste de nombreuses imitations des bronzes émis par les monétaires sont frappées en Gaule pour pallier le manque de monnaies. Une seconde vague d'imitation des monnaies de bronze a lieu sous Caligula et Claude. Ces imitations précoces furent acceptées dans la circulation monétaire, comme l'attestent des contremarques destinées à diminuer leur valeur.
Après le règne de Claude, la situation revient à un équilibre et le monnayage irrégulier se raréfie jusqu'à la crise du IIIe siècle. Le titre de métal précieux du monnayage d'argent n'a cessé de diminuer tout au cours des trois premiers siècles (Figure 1). Sous Caracalla, en 215, une nouvelle monnaie reconnaissable à l'effigie radiée de l'empereur est créée, l'antoninien. Pesant le poids d'un denier et demi, l'antoninen a la valeur de deux deniers. Cette nouvelle monnaie n'arrive cependant pas à s'imposer : relativement peu frappée, son émission cesse sous Sévère Alexandre. En 238, Balbin et Pupien en reprennent la frappe et cette fois, l'antoninien va progressivement éliminer le denier de la circulation. Le denier d'argent n'est déjà plus frappé qu'occasionnellement sous Gordien III. Après son règne, la frappe de ce dernier ne se fait plus que de manière exceptionnelle. L'aloi des monnaies d'argent continue à diminuer inexorablement tout au long du IIIe siècle. Peu après 260, le point critique est atteint : le billon (alliage d'argent) a un contenu si faible en métal précieux qu'il a maintenant une apparence plus proche du bronze que de celle d'un alliage argenté, la crise monétaire n'a jamais été aussi visible. Les monétaires sont obligé de recourir de plus en plus à l'artifice de l'argenture supperficielle pour rendre une apparence acceptable au monnayage de billon.
A cette époque, l'empire est divisé, la Gaule est aux mains de Postume et Rome aux mains de Gallien, et la situation n'est pas partout pareille. Postume continue à frapper au dessus du seuil critique, ses monnaies ont encore l'apparence d'un billon d'argent. En dehors de la Gaule on doit se contenter de monnaies à très faible contenu argenté recouvertes d'une argenture de surface. Cette argenture est de bonne qualité sur les monnaies frappées à Antioche mais devient de plus en plus superficielle dans l'atelier central de Rome.
2. LES MONNAYAGES D'IMITATION RADIEES : Définition : Les imitations radiées sont des monnaies de nécéssité émises dans des ateliers locaux à partir de la fin du IIIe siècle, présentant à l'avers la tête radiée d'un empereur romain. Le personnage présenté à l'avers est souvent Tétricus ou Tétricus II mais d'autres empereurs gaulois ou centraux existent. Elles se distinguent des monnaies frauduleuses par le fait qu'elles n'ont pas été destinées à tromper sur leur contenu en métal précieux. La qualité de leur gravure et de leurs légendes est assez faible et variable. On les appelle parfois "imitations barbares", bien que le terme ne soit pas appropriés tout comme l'expression anglaise "barbarous radiate", ou, de manière plus conforme à la situation, "monnaies locales".
Origine des monnayages locaux, la situation sous Postume : Nous avons vu qu'en Gaule, les monnaies de Postume conservent l'apparence d'un bon billon d'argent, tandis qu'ailleur on doit se contenter de monnaies à très faible contenu argenté recouverte d'une argenture superficielle. Or, la loi de Gresham montre que la mauvaise monnaie chasse la bonne de la circulation, c'est ainsi que dans l'empire central, les antoniniens antérieurs au règne seul de Gallien disparaissent de la circulation pour être remplacés par des monnaies récentes de mauvais alois. En Gaule, la monnaie reste bonne, et le monnayage du règne seul de Gallien pénètre peu le territoire (figure 2). Les trésors gaulois datés du règne de Postume montrent une grande proportion de monnaies de cet empereur et comprennent encore une bonne proportion de monnaies antérieures au règne seul de Gallien.
Comme nous le constatons avec la figure 2, le monnayage d'imitation débute sous Postume. Encore que, devons-nous réellement parler déjà d'un monnayage d'imitation ? Le trésor de Rocquencourt contient 88 imitations de Postume, soit un peu moins de 5% des monnaies de cet empereur. Cependant, ces monnaies en cuivre saucé d'argent et de poids plus faible que les monnaies officielles sont liées par de nombreuses liaisons de coins. Tout ceci semble indiquer qu'il s'agissait de la production d'un atelier régional de faux monnayeurs. Ces imitations sont de bonne qualité stylitique et ne présentent pas de fautes dans les légendes. Dans le trésor de Rocquencourt, les fausses monnaies frappées au nom de Postume représentent 92,6 % des monnaies irrégulières présentes dans le trésor. Les imitations du trésor de Mont-Boubert sont égalemenent saucées et de bon poids, plédant également pour un monnayage frauduleux. Dans le trésor de Stevenage, 66 des 73 imitations sont au nom de Postume, et représentent 11.7 % des monnaies de ce règne ainsi que 90,4 % des monnaies irrégulières du dépôt. Comme à Rocquencourt, des liaisons de coins ont été trouvées entre les fausses monnaies dont un coin de revers apparaissant sur 19 monnaies, metant en évidence encore une fois la proximité d'un atelier local de faux monnayeurs. Nous pouvons aisément conclure que le faux monnayage se développe de manière importane sous Postume. En effet plus de 90 % des monnaies irrégulières présentes dans ces trésors sont frappées au nom de Postume. L'aloi, le poids et la fabrique des monnaies suggère plus un monnayage frauduleux qu'un monnayage de nécéssité. A l'extrême fin du règne de Postume, ou peu après celui-ci, le phénomène est particulièrement problématique en Bretagne, comme nous pouvons le voir dans le trésor de Stevenage, dans lequel près de 12% des monnaies de Postume sont des fausses monnaies !
La situation monétaire en Gaule après la mort de Postume : A la fin du règne de Postume, la situation se dégrade également en Gaule de manière brutale. Les sucesseurs de Postume ne frappent plus que des monnaies de bas titre. Sous Victorin, le titre de l'antoninien gaulois est identique à celui de Rome (figure 3). Sous Tétricus, alors que Rome se remet doucement de la crise, le titre de l'antoninien gaulois s'est effondré en dessous de celui des antoniniens frappés à Rome au plus fort de la crise, avec à peine un pour cent d'argent.
En vertu de la loi de Gresham, les monnaies de Postume et de ses prédécesseurs sont de plus en plus rapidement conservées et retirées de la circulation. Les trésors postérieurs au règne de Postume contiennent de moins en moins de monnaies de cet empereur (figure 4). Si ce phénomène est en apparence normal, la brutalité de la chute du nombre de monnaies de Postume dans la circulation est anormalement marquée. Notons que les monnaies frappées à Milan au nom de Postume, d'un aloi nettement plus faible disparaissent moins de la circulation. Le trésor de Réka-Devnia par exemple, enfuit vers 251,contenait encore de fortes proportions de monnaies frappées 150 ans auparavant. Dans le cas qui nous préocupe, moins de 10 ans après la mort de Postume, ses monnaies sont devenues presque marginales dans les trésors. Nous l'avons vu, les émissions dévaluées de Gallien ont assez peu pénétré en Gaule sous Postume, il s'en suit donc une période de pénurie monétaire sans précédant. Ni les frappes monétaires des empereurs gaulois Marius, Victorin et Tétricus, même si elles sont importantes, ni les importations de monnaies centrales ne sont suffisantes pour remplacer le numéraire qui disparait de jour en jour de la circulation. Or, l'inflation est telle que le besoin de monnaie est de plus en plus important.
C'est dans ce contexte que se développent des frappes probablement privées de monnaies de nécéssité. Frappées à la hate par une main d'oeuvre non qualifiée, elles sont de mauvaise qualité, elles ne contiennent souvent plus du tout d'argent et on un style qui n'est pas celui des ateliers officiels. Ce style les a fait appeller courament des "imitations barbares". Or, ces monnaies ne sont aucunement barbares, elles ont bel et bien été frappées au sein de l'empire romain dans des atelier locaux. Ce phénomène concerne principalement la Bretagne insulaire, la Gaule, la Germanie et peut-être l'Afrique du Nord (cfr. plus bas).
La réforme d'Aurelien (274) : Vers Avril-Mai 274, Aurélen réforme la monnaie de billon, et prévoit le remplacement des antoniniens dévalués par un antoninien réformé, en billon contenant en théorie environ 5 % d'argent et recouvert d'une argenture superficielle. Ces monnaies portent une marque (XXI ou KA) les différenciant des antoniniens antérieurs à la réforme. Zozime (Livre I, LXI) nous dit qu'après avoir abattu sans peine Tétricus, il distribua publiquement de nouvelles pièces d'argent monnayé, non sans avoir prévu que la plèbe restitue en échange les pièces de mauvais aloi. Cependant, les antoniniens réformés d'Aurélien ne pénètrent presque pas en Gaule de son vivant. Jean-Marc DOYEN et Eric HUYSECOM, dans Trésors Monétaires V, remarquent qu'après la chute de Tétricus, les anciens antoniniani du règne de Gallien seul (260-268) et de Claude II le Gothique commencent à pénétrer en masse dans le nord de la Gaule. Ainsi, tandis que la monnaie réformée pénètre dans le reste de l'empire, la Gaule reçoit énormément de mauvaises monnaies sans être réellement approvisionnée par des monnaies réformées. La Figure 4 nous montre d'ailleur une croissance très importante du nombre des imitations à la reprise des Gaules pas Aurélien en 274. La fermeture de l'atelier de Trèves et le transfert de son personnel à Lyon intensifie encore la pénurie monétaire dans les parties éloignées de la Gaule. L'atelier de Lyon émet relativement peu de monnaies réformées, ne fonctionne pas à plein régime et connait des périodes d'arrêts. Les monnaies de l'atelier de Lyon ne portent étrangement pas la marque de la réforme. Sylviane Estiot n'hésite pas à dire que l'autorité monétaire organisa la pénurie et injecta en Gaule, à cours forcé, les mauvais antoniniens de Gallien et de Claude II. Jean-Pierre Callu explique la faible pénétration en Gaule de l'antoninien réformé par les invasions germaniques et les soulèvement de Proculus et de Bonosus qui empèchent l'arrivée du numéraire légal jusqu'en 280. Il explique également l'émission insuffisante en Gaule de l'antoninien réformé par le fait qu'Aurélien devait d'abord éponger cette masse monétaire de mauvais aloi, frappée aux types des empereurs gaulois. Il aurait en effet été vain d'alimenter les Gaules en nouvelles monnaies qui auraient été imédiatement thésaurisée de part leur meilleur poids et aloi. Ainsi, la réforme d'Aurélien rend encore plus critique la situation de pénurie monétaire en Gaule. Le rappel officiel des monnaies des empereurs gaulois et leur remplacement ne semble avoir eu lieu que dans les dernières années du règne de Probus. La situation redevient enfin favorable au retour à une situation monétaire normale vers 283, avec l'installation de Carin à Lyon dont l'atelier monétaire reçoit enfin une grande capacité de production.
A propos de la figure 5, notons qu'il y a un certain décalage entre la composition des trésors et la circulation monétaire. Les sites archéologiques contiennent une part plus importante encore d'imitations. En effet, les thésaurisateurs ont en général privilégié les bonnes monnaies dans leurs trésors. Si ces trésors contiennent des imitations de mauvaise qualité c'est qu'ils n'avaient rien d'autre à thésauriser ! Il doit donc exister un décalage temporel non négligeable entre la frappe des imitations et leur présence dans les trésor, le temps nécessaire à ces imitations d'envahir la circulation monétaire. La brusque diminution des imitations observée à la fin du règne de Probus, dans le trésor de Chalfont par exemple, ne doit rien à un apport massif de nouvelles monnaies. Les Monnaies d'Aurélien à Probus présentes dans ce trésor ne totalisent que 2,4 % de l'ensemble. La raison de la diminution des imitation est probablement plutôt le signe de leur démonétisation officelle qui a du en éliminer un grand nombre des trésors de cette époque. Nous pourions faire la même remarque à propos du trésor de la préfecture de Renne dont le terminus (282) est approximativement identique à celui de Chalfont (281).
La réforme de Dioclétien et la création du Follis (294) : En 294, Dioclétien entame une seconde grande réforme du monnayage. Une nouvelle monnaie d'argent est créée, l'argentéus, ainsi qu'une nouvelle espèce de billon argenté, le follis, pesant environ 10 grammes et ayant un titre de 5% d'argent. L'antoninien de billon est une nouvelle fois réformé et continuera un temps à circuler comme division du follis. Une fois de plus, les nouvelles monnaies sont thésaurisées et ont du mal à se répendre dans la circulation. Nathalie Legendre et Suzanne Tassinari, dans leur étude consacrée au trésor de Troussey font remarquer que les follis sont entrés dans le trésor sans avoir même circulé, comme en atteste leur excellent état de conservation. Le thésaurisateur a cependant vérifié le métal de la nouvelle monnaie en donnant dans certains exemplaires un coup de poinçon qui les a traversé de part en part, vérifiant ainsi si le follis était à la hauteur de son argenture attrayante. Les sites archéologiques recellent d'ailleur peu de follis de cette époque, preuve qu'ils ont été fortement thésaurisés. Dioclétien est obligé de doubler la valeur des nouvelles monnaies en 301, afin d'inciter le public à les remettre en circulation, puis de promulguer l'édit du Maximum pour juguler l'augmentation des prix.
La fin de l'émission et de la circulation des imitations radiées :
Dans le trésors d'Upton House (Dorset, Grande-Bretagne) comprenant 1685 monnaies (plus 90 fragments) datant du règne de Constantin, il n'y a que 7 monnaies radiées du IIIe siecle. Ce qui tend à montrer que sous le règne de Constantin, les antoniniens avaient tendence à disparaitre de la circulation monétaire en Grande Bretagne. Cent ans plus tards, le trésor continental de Boulogne, datant du début du Ve siècle, ne contient plus que 26 antoniniens, dont 23 imitations. La situation est particulière en Bretagne insulaire, la fermeture de l'atelier de Londres en 326 provoque une nouvelle pénurie monétaire qui déclanche vers le milieu du IVe siècle une nouvelle vague d'imitations. Le trésor anglais de Richborough (VIe siècle ?) contient une écrassante majorité d'imitation radiées, dont certaines ont des revers inspirés de monnaies de l'époque constantinienne. Stabbling signale d'ailleur dans ce trésor la présence d'une imitation radiée surfrappée sur un type GLORIA EXERCITVS constantinien, Hill signale également d'autres surfrappes dont une sur une monnaie au revers VICTORIAE DD AVGG NN datée des environs de 340. Les données des trésors britaniques nous montrent qu'il n'est pas impossible que les plus petites imitations radiées (minimi) aient encore été frappés en Bretagne insulaire aux Ve et même au VIe siècle.
3. LES TYPES MONETAIRES IMITES : Des monnaies d'empereurs différents ont servit de prototype aux imitations. Dans le tableau ci-dessous, c'est en règle générale l'effigie et la légende (si elle est lisible) de l'avers qui a été prise en compte. En effet, un certain nombre d'imitations radiées combinent l'avers d'un empereur avec un revers issu d'un règne différent. Dans le cas des imitations de l'émission du bestiaire de Gallien, par exemple, les imitations ont cependant été classées à Gallien en l'absence de titulature lisible à l'avers permettant de le rattacher à un autre empereur. De même nous avons classé les hybrides mellant un avers de Claude II de son vivant à un revers de consécration dans les imitations de Claude II divinisé. Nous avons considéré les monnaies antérieure au règne seul de Gallien comme des fausses monnaies. Il n'est pas du tout improbable que de véritables imitations se cachent parfois parmis elles, mais dans ce cas, elles sont marginales. Ces monnaies étant rarement illustrées, il ne nous aurait pas été possible de séparer les faux des monnaies de nécéssité dont le prototype est antérieur à Gallien. Les imitations de Postume, bien que nous pensons qu'elles soient la plupart du temps des monnaies frauduleuses ont été reprises dans le tableau 8. Les trésors ont été classés chronologiquement, lorsque le terminus post quem est identique, ils ont été classés en fonction du pourcentage d'imitations croissant. Nous somme conscient que cette classification a ses limites mais c'est le meilleur moyen que nous avons trouvé pour classer les trésors dans un relatif ordre logique.
Nous constatons que les monnaies de meilleur aloi, celles de Postume n'ont été préférentiellement imitées que dans un premier temps. Par la suite, au contraire, les imitations utilisent principalement comme prototypes les monnaies des Tétricus, c'est à dire les monnaies dont le titre d'argent est le plus faible. Nous sommes donc bel et bien en présence d'un monnayage de nécéssité qui n'a jamais été destiné à tromper. Les imitations des monnaies de consécration de Claude II sont également nombreuses, elles tendent à devenir majoritaire à partir de la fin du règne de Probus. Sous Constantin, et après son règne, les imitations deviennent de moins en moins attribuable à un personnage.
4. CLASSIFICATION ET DIVISIONS DU MONNAYAGE IRREGULIER : Classer les imitations radiées n'est pas aisé. Parmis les différentes possibilités qui s'offrent à nous, existent la classification par personnage à l'avers, par diamètre, par évolution stylistique et par types de revers.
La classification par module : Hill définit une classification par module, tout en faisant remarquer qu'il n'y a pas de délimitation claire entre les imitations les plus larges et le minimi. Arbitrairement les monnaies dont le diamètre est égal ou inférieur à 12,5 mm (13 mm selon Callu) sont classées comme étant des minimi. Les plus petites monnaies, de 7,6 à 2,5 mm sont appellées minimissimi. Nous avons vu plus haut que la réforme d'Aurélien a accru la pénurie monétaire en Gaule. La conséquence en est une diminution des poids et diamètre des imitations radiées. Jean-Pierre Callu estime que le stade du minimi a été atteint vers 281. Ainsi, nous avons des imitation à module normal de 274 à environ 281, puis des minimi, principalement en Bretagne insulaire. Sur le contient, les trouvailles de dépots de minimi ont lieu surtout au nord de la Loire. Il est probable qu'au moins un atelier produisant ces minimi se trouvait dans la région de Montargis.
La classification par style : Hill propose également une division stylistique en 3 groupes. Nous pensons cependant que, comme dans le cas de la division par type de revers, aucune véritable chronologie ne peux découler d'un classement stylistique. En effet, les imitations radiées ayant été émises dans un grand nombre d'ateliers privés, par un très grand nombre de graveurs d'habilité différentes, il ne peut pas y avoir d'homogénéité dans la qualité des gravures, et les types les plus "dégénérés" ne sont pas forcément les plus récents.
L'étude détaillées du style est cependant utile dans certains cas, comme l'a fait Jean-Claude Thiry dans son étude d'une partie du trésor de Remagen, afin de différencier des graveurs et des familles stylistiques précises qui, en complément des liaisons de coin, permettent de préciser des liens entre les productions locales composant différents trésors. Notons encore que le style peut être inégal sur les deux faces de la monnaies, comme sur l'exemple ci-dessous alliant un avers fortement stylisé à un revers plein de vie :
La classification par type de revers : Ce n'est pas la classification la plus scientifique, mais elle est la plus aisée quand le personnage à l'avers ne peut être identifié. Cette classification est particulièrement utile pour les imitations radiés tardives (minimi). Philip V. Hill a ainsi divisé les émissions monétaires en diffétrents types :
A ces types tirés de Hill, nous pouvons ajouter des divinités hybrides tels que Pax/Hilaritas, Pax/Salus ou encore Pax/Fortuna combinant erronément les attributs de deux allégories.
Les types les plus souvent imités par les minimi trouvés sur le continent sont ceux montrant Pax, Hilaritas et Spès. Les revers copiés des émissions de Consécrations de Claude le Gothique sont relativement peu nombreuses et sont parfois absente des trésors de Minimi, comme le fait remarquer Jean Claude Thiry dans son étude d'une partie du trésor de Remagen. En Bretagne insulaire par contre, pour les minimi, c'est Pietas qui domine, suivie de peu par les émissions de consécration de Claude II.
5. LA FABRICATION ET LES ATELIERS : Contrairement à ce qui arrive dans les atelier monétaires officiels, il ne semble pas que les graveurs aient été spécialisés dans la confection des coins d'avers ou de revers. La plupart des imitations sont frappées, les monnaies coulées sont en général des faux pour tromper sur leur aloi véritable (l'alliage cuivre-étain à forte teneur en étain utilisé dans ce cas a une couleur gris métalique qui peut facilement être confondue avec le billon argenté).
La publication des fouilles de l'atelier de Châteaubleau nous permet de constater que cet atelier émis au moins dans un premier temps (260-275) un très grand nombre de véritables fausses monnaies aussi bien coulées que frappées. Dans un second temps, le bénéfice des faussaires ayant été fortement réduit avec la chute brutale du titre des monnaies officielles, l'atelier de faux monnayeurs a répondu au besoin de numéraire en émettant un monnayage de nécessité constitué de Minimi. Le trésor d'imitations de Guéhenno (22), comprend 277 imitations de Tétricus, dont 275 exemplaires issus de la même paire de coins dont le diamètre varie de 12 à 17 mm. La présence de trois trésors d'imitations et de deux flans non frappées dans la même commune permet de localiser un atelier dans la région, chez les Vénètes. Les analyses métaliques effectuées sur 14 exemplaires montrent que la nature de l'alliage utilisé est celle d'un cuivre-plomb-étain. Comme nous l'avons signalé plus haut, Jean-Claude Thiry dans son étude d'une partie du trésor de Remagen a fait une étude détaillée du style afin de différencer des graveurs et des familles stylistiques précises. Il estime que 65 graveurs ont gravé les coins destinés à frapper 212 exemplaires de minimi de ce trésor. Les liaisons stylistiques montrent qu'il est probable qu'au moins un atelier produisant ces minimi se trouvait dans la région de Montargis qui aura allimenté les trésors de Remagen et de Montbouy VI (associée à Solterre et à la trouvaille occidentale car ces enembles semblent appartenir au même dépôt). Jean-Claude Thiry se rallie à la chronologie de Jean-Marc Doyen pour dater l'ensemble de 290-300. Le style des gravures met en évidence l'utilisation de nombreux ouvrier non qualifiés. Les fautes ou lettres inventées nous montrent également que beaucoup de graveurs étaient illettrés. Rappelons enfin qu'il existe égallement des erreurs dans l'iconographie de certaines allégorie. Dans la plupart des cas, l'usure des coins met en évidence un usage intensif. Les hybridations sont également très fréquentes.
Etudions maintenant quelques imitations radiées particulières provenant de ma collection. Elles vont nous permettre d'émettre des hypothèses quant au travail des graveurs de coins au sein de ces officines locales qui ont frappé ce monnayage.
La seconde monnaie est également une imitation d'un antoninien de Tetricus I :
Ce revers est extrêmement intéressant, en ce sens qu'il est une composition de trois types différents. La légende tout d'abord "CONSECRATI" (avec "N" rétrograde), fait référence à un monnayage de consécration, or, la figure représentée, et l'avers ne colle pas du tout avec un tel monnayage. Il est probable que le graveur a voulu représenter le type COMES AVG avec la victoire, présente d'ailleur sur notre monnaie, mais voilà, le celator a méllangé le type de la victoire avec le type de Salus, en ajoutant un autel à ses pieds et en confondant la couronne avec une patère.
Encore une fois nous pouvons imaginer l'hypothèse du graveur sachant lire et écrire et qui fait une composition originale en hybidant les caractéristiques de trois types de revers. Dans l'autre cas, nous pouvons imaginer que trois monnaies différentes et probablement bien usées on été utilisés comme modèle, ces monnaies étant elle-même peut-être également des imitations.
Ainsi, nous voyons, que les légendes peuvent avoir une signification qui ne colle pas du tout avec le type. Ceci peut parraitre sans réelle importance, mais nous avons mis en évidence le fait que les compilations de types et de légendes ne sont pas rare au sein du monnayage local.
Dans ce contexte, que penser des imitations de Tétricus II sur lesquelle il porte le titre 'Auguste ?
Il n'est pas certain que Tetricus II ait jamais porté le titre d'Auguste. Aucun spécimen de monnaie sortie d'un atelier officiel sur lequel Tétricus II porterait le titre d'Auguste n'est connu. Un exemplaire conservé à Oxford est en fait un faux moderne. Or, un certains nombre d'imitations radiées montrent le portrait de Tetricus II avec le titre d'Auguste. Ceci a conduit divers spécialistes à présumer de l'existance d'un modèle original.
Malgré le nombre impressionnant de trésors contenant des milliers de monnaies de toutes les émissions du règne de Tétricus, aucun exemplaire n'est venu au jour. Dans le même temps, Domitien II, un usurpateur de la même période, est aujourd'hui connu par deux monnaies. Remarquons que nous ne connaissons aucune imitation radiée copiant une monnaie de Domitien II.
Alors si les antoninien de Tetricus II Auguste existent, il faut admettre qu'ils sont de la plus haute rareté, plus rare encore que le sont les antoniniens de Domitien II. Et malgré celà, ils auraient été suffisament copiés pour que nous connaissions plusieurs imitations de ces monnaies... et toujours aucune de Domitien II !
Ainsi, nous pouvons penser que Tétricus n'a jamais été Auguste, et qu'aucune de ses monnaies officielles n'a été frappée avec ce titre. Il est bien plus probable en effet, à la lumière des deux exemples sur lesquels nous avons débatu plus haut, qu'il s'agisse de compilations de types et de légendes imitées de monnaies différentes.
6. AIRE DE CIRCULATION : Nous l'avons vu, le phénomène des imitations radiées concerne principalement la Bretagne insulaire, la Gaule, et la Germanie. Jean-Pierre Callu a émit l'hypothèse d'un apport extérieur tardif en Afrique du Nord, se faisant à partir de la Gaule, qui après la fermeture de l'atelier de Carthage, en 309, aurait approvisioné la circulation monétaire afriquaine avec des espèces gauloises démonétisées. Cependant, dans l'état actuel des connaissances, nous ne pouvons totalement exclure une production afriquaine. Le trésor de La Venèra (Italie du Nord), daté du règne de Dioclétien comprend 25 imitations de Gallien, 22 du vivant de Claude, 7 des ses émissions de Consécration, et 19 imitations du règne de Tétricus, soit 73 monnaies d'imitations sur les 11 077 monnaies étudiées dans la partie faite par Jean-Baptiste Giard. Le trésor de Canakkale (Turquie), daté du règne de Numérien (283-284), recèle quelques imitations radiées de bonne qualité, montrant que ce type de monnaie est parfois sortit de leurs zones habituelles de circulation. Dans ce cas les imitations des monnaies de Claude II (de son vivant et de ses émissions de consécration) sont majoritaires (24 sur 29 imitations). Sur les 3044 monnaies que compte le trésor, les imitations représentent un peu moins d'un pourcent.
7. BIBLIOGRAPHIE :
8. TRESORS : Voir également la bibliographie complète des trésors
8. LIENS : LES EMISSIONS RADIEES DU III EME SIECLE (Com l'Atrebate) FORUM : Imitation radiées pour Comlatrebate FORUM : discussion sur cet article INRAP : Les monnaies d’imitation dans la Gaule du Bas-Empire (PDF) - Album photo
Frédéric Weber, 19 janvier 2008 |
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