L'égide

Mise à jour : août 2007

L'égide est un ornement protecteur utilisé par l'empereur sur son armure. Elle est constituée d'un morceau de la peau de la chèvre de la nymphe Amalthée, celle-là même qui nourrit Zeus/Jupiter dans son enfance. Plus tard, quand Persée tua la gorgone Méduse, Athéna/Pallas, aménageat l'égide pour y placer la tête tranchée de la gorgone. La tête de Méduse avait en effet le pouvoir de transformer en pierre quiconque la regardait.

Elle est fréquemment sculptée sur l'armure des statues impériales et montre ainsi le caractère guerrier et héroïque de l'empereur, protégé de la sorte par les attributs de Minerve.

Détail de la statue de Domitien (Vaison La Romaine) Photo : Frédéric Weber

L'égide apparaît également sur des monnaies, comme par exemple sur ce denier de Domitien :

Denier de Domitien, vers 85, (Collection Frédéric Weber)

Notons, afin d'admirer le savoir-faire des monétaires romains, que le diamètre de cette monnaie est de 2 cm et que l'égide mesure à peu près 3 mm !

La voici encore sur un sesterce et un denier de Trajan :

Monnaies de Trajan, (Classical Numismatic Group)

Elle apparaît aussi au revers d'un denier de Septime Sévère, sur lequel on peut bien voir la peau d'Amalthée et la tête de Méduse, la terrible Gorgone :

Denier de Septime Sévère, vers 207, (Numismatica Ars Classica)

Cette émission exceptionnelle et de la plus haute rareté eut lieu vers 207, au nom de Sévère et de Caracalla, pour la préparation des campagnes de Bretagne. Une manière de montrer à tous l'invincibilité et l'héroïcité des deux Augustes en pleine préparation de la guerre durant laquelle, ironiquement, Septime Sévère perdit la vie.

 
Revers d'un denier de Caracalla, vers 207, (Collection Frédéric Weber)

La Gorgone est aussi figurée seule sur une variante de ce denier :

Revers d'un denier de Caracalla, vers 207, (Numismatica Ars Classica)

 

Quant à Amalthée, elle apparaît, accompagnée de Jupiter, qualifié de CRESCENTI (grandissant), sur un antoninien de Valérien II :

Antoninien de Valérien II, Revers : IOVI CRESCENTI (Jupiter croissant) : Jupiter représenté, enfant, sur le dos de la chèvre Amalthée.

OVIDE, Fastes, V, Mai, 1er mai : Lever de la Chèvre ; (5, 111-128) "Que le nom de Jupiter inaugure ces chants ! La première nuit va nous montrer l'étoile de la nymphe qui veilla sur le berceau de Jupiter. Voici l'astre pluvieux de la chèvre olénienne, qui se lève ; elle est placée au ciel pour prix de son lait. La naïade Amalthée, noble fille de l'Ida crétois, cacha, dit-on, Jupiter au fond des forêts. Elle possédait une chèvre, mère de deux chevreaux, et remarquée pour sa beauté entre tous les troupeaux de la Crète ; une chèvre dont les cornes élevées se recourbaient sur son dos, et dont la mamelle était digne de nourrir le grand Jupiter. Elle en donnait le lait au dieu ; mais un jour une des cornes de la chèvre se brisa contre un arbre, et lui fit perdre ainsi la moitié de sa parure. Amalthée ramassa cette corne brisée, l'entoura d'herbes fraîches, la remplit de fruits, et la présenta ainsi aux lèvres de Jupiter. Quand le dieu régna dans les cieux, assis sur le trône de son père, quand Jupiter, par sa victoire, eut tout mis à ses pieds, il plaça au rang des astres et la nourrice et la corne féconde. Elle porte encore aujourd'hui le nom de la Pléiade qui l'avait autrefois possédée."

Frédéric Weber

catalogue des monnaies de l'empire romain

 
     
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