NERON ( 13/10/54-9/06/68 )

As, Rome, vers 62
Avers : NERO CLAVDIVS CAESAR AVG GERMANIC, sa tête nue à g.

Revers : PONTIF MAX TR P IMP PP, Apollon Citharède tête laurée, avançant à dr., jouant de la lyre.

Références : RIC 82 (C); Cohen ; BMC -

Exemplaire illustré : Dr. Busso Peus Nachf. , Auction 384, 2 novembre 2005, n° 581 : 1000€ => 1500€

Photographie reproduite avec l'aimable autorisation de : Dr. Busso Peus Nachf.

Informations historiques :

Néron a eu très tôt un vif intérêt pour l’art et les courses de chevaux, et assez rapidement, des prétentions artistiques. Dès 59, Tacite (TAC. ann. 14, 14) montre les ambitions de Néron : « Il avait depuis longtemps le désir de conduire un char à la course dans la carrière, et, par une fantaisie non moins honteuse, de chanter en s’accompagnant de la cithare, comme un histrion de profession ». Immédiatement dans le passage suivant, l’historien présente l’argumentation de l’empereur : «  prendre part à des courses de chevaux, rappelait-il, était une habitude des rois, et d’anciens généraux l’avaient fait souvent (…). Le chant n’était-il pas consacré à Apollon ? Et n’était-ce pas avec les attributs d’un cithariste que, dans les villes de la Grèce, aussi bien à l’intérieur des temples romains, on présentait ce dieu, l’un des plus grands et qui prédisait l’avenir ? ». Néron lui même mentionne Apollon citharède.

Cet as représente justement Néron sous les traits d’Apollon, jouant de la lyre. Ce type est présent à Rome de 62 à 64, dans des quantités considérables, semble-t-il. A Lyon (RIC 380), on le trouve de 64 à 65 (rappelons que le monnayage de Lyon débute en 64). Ce type est présent sur les as uniquement, aux débuts du monnayage des bronzes, à Rome comme à Lyon.

Peut-on être sûr qu’il s’agit bien de Néron en Apollon, et non simplement d’Apollon ? D’une part, sur certains as, le revers est anépigraphe. On ne peut être sûr qu’il ne s’agisse pas d’Apollon. Mais, la même année, ce revers apparaît également avec la titulature PONTIF MAX TR P IMP P P (pontifex maximus tribuniciana potestas imperator pater patriae) (RIC 77). Or il est clair que c’est une titulature qui présente les charges de Néron. Si l’on regarde le monnayage de Néron postérieur à 64, on s’aperçoit que les représentations de divinités (Salus, Roma, Juppiter, Vesta) portent toutes une titulature indiquant leur nom. Il semble donc qu’on n’ait pas affaire à Apollon sur cet as, mais bien à Néron, comme la titulature le signale, sous les traits conventionnels d’Apollon. D’autre part, on possède le témoignage de Suétone, qui mentionne cette pièce précisément : « il disposa autour des lits, dans les chambres de son palais, ses couronnes sacrées, ainsi que des statues qui le représentaient en costume de citharède, et fit même frapper une monnaie à cette effigie » (SVET. Nero 25). Cette fois, l’identification est explicite, et ce revers semble être la copie d’une statue de Néron.

Cependant, deux problèmes surviennent avec le témoignage de Suétone. D’une part, l’auteur emploie le mot nummus, qui signifie le plus souvent « sesterce ». Or il s’agit ici d’as uniquement. Le mot nummus semble pouvoir désigner plusieurs sortes de monnaies, et être employé sans volonté de précision. D’autre part, Suétone date cette monnaie du retour de Grèce de Néron, donc après 67. Or toutes les titulatures d’avers, comme on l’a vu, présentent après 66 l’élément IMP comme praenomen. Sur cette pièce, il est utilisé comme cognomen. Cette pièce ne peut être datée conformément à ce qu’écrit Suétone. Le RIC la date de 62, du début d’activité de l’atelier de Rome, en raison de l’absence de titulature à l’avers, rajoutée ensuite, un fois que l’atelier s’était organisé, la précipitation due à la pénurie de petits bronzes passée. De plus, le portrait de Néron, à l’avers, apparaît jeune et mince, en comparaison des portraits de la fin de règne. En outre, sur ce type de portrait, Néron ne porte pas encore sa coiffure spécifique, en forme de couronne, qui apparaîtra courant 63. Tout ceci contribue à dater cette émission de 62.

Par cette représentation, la volonté de Néron est claire : tous les attributs d’Apollon citharède sont présents. La robe, la lyre, les cheveux rassemblés en une courte queue… L’identification entre Néron et Apollon se veut parfaite. C’est ce goût pour l’art, avec la prétention à des facilités artistiques qui l’accompagnent, qui feront partir Néron en Grèce pour participer aux Jeux Olympiques, car il jugeait les Grecs plus dignes de son chant que les Romains. Pour les représentations de Néron en Grèce, il faut se référer aux monnayages grec et alexandrin, plus explicites que le monnayage romain. En effet, pour les Romains, c’était grande honte que de chanter en public comme un histrion.

Taille à la livre
Poids Théorique
Nombre d'exemplaires rencontrés (toutes variantes de date confondues)
Nombre d'exemplaires dans le trésor de référence
Internet
Ventes
Total
1/30e
10,82
   
Sans objet
Cotations
Rareté Exceptionnel Superbe TTB TB B+ B
- - - - - - -
Variantes
Variétés :
N° de la variante du catalogue
Rareté
RIC
BMC
Cohen
Legende d'avers

NERO CLAVD CAESAR AVG GER PM TR P IMP PP

sa tête nue à dr.

-
-
77
234
-
NERO CLAVDIVS CAESAR AVG GERMA

sa tête nue à dr.

-
-
78
-
-
NERO CLAVDIVS CAESAR AVG GERMA

sa tête nue à g.

-
-
79
236
-

NERO CLAVDIVS CAESAR AVG GERMAN

sa tête nue à dr.

-
-
80
-
-

NERO CLAVDIVS CAESAR AVG GERMANIC

sa tête nue à dr.

-
-
81
235
-

Copyright © frederic weber

Tous droits réservés, reproduction partielle ou intégrale interdite sans l'accord écrit de l'auteur.