Informations historiques :

Le temple de Janus , le dieu à deux visages, dont l'un regarde vers le passé et l'autre vers l'avenir, était ouvert seulement en temps de guerre et fermé en temps de paix. Auguste avait fermé le temple de Janus à Rome trois fois, la troisième fois en 3 avant notre ère, et pendant la 42e année de son règne la paix avait été établie dans l'Empire Romain.

Ce revers se trouve sur les sesterces, les dupondii, les as, les deniers et les aurei. C’est le type qui jouit de la plus grande diversité de numéraire.

Suétone (SVET. Nero 13) nous apprend que lors de la venue de Tiridate à Rome, Néron « ferma la temple de Janus à deux têtes, estimant qu’il ne restait plus aucune guerre ». La fin des Annales manquant, Tacite ne peux nous aider à dater la venue de Tiridate à Rome. Cependant, il n’a pas dû venir avant le début de l’année 65, car l’œuvre de Tacite, qui s’arrête à cette date, ne le mentionne pas. Dion Cassius, pour sa part, date la venue du Parthe de 66 (62, 13, 1). La chronologie est problématique. En effet, si l’on en croit Suétone, le temple a été fermé en 66. Or une émission de ce revers porte à l’avers la titulature NERO CAESAR AVG IMP TR POT XI P P P. La onzième puissance tribunitienne a été confiée à Néron de décembre 64 à décembre 65. La fermeture du temple de Janus ne peut donc pas être postérieure à 65.

On pourrait penser que cette monnaie commémore une cérémonie ayant eu lieu l’année d’avant, ou du moins tôt dans l’année 65. On peut alors émettre l’hypothèse, en suivant le BMCRE, que la cérémonie dont Suétone parle reproduit, avec la présence du vaincu cette fois, la cérémonie qui avait eu lieu en 64-65 lors de la fermeture des portes du temple. Sans compter que le dupondius de la Victoire que nous avons vu plus haut est lui-même daté de 63. Donc la fin de la guerre parthe a été perçue cette année-là. Dès lors, il n’y avait pas de raisons de maintenir ouvert le temple de Janus pendant encore deux ans. Enfin, même s’il ne parle pas de la fermeture du temple, Tacite mentionne qu’à la fin de l’année 64, « jamais la paix ne fut si profonde » (TAC. ann. 15, 46).

La titulature de cette monnaie constitue aussi un élément de diffusion de l’idéologie de Néron, et un rare exemple d’une phrase entière au revers d’une monnaie : PACE P R TERRA MARIQ PARTA IANVM CLVSIT (pace populo romano terra marique parta, Ianum clusit : ayant procuré au peuple romain la paix sur terre et sur mer, il a fermé le temple de Janus). Le sujet du verbe clusit, et par là même le complément d’agent de pace parta, est évidemment Néron, présenté comme le créateur de la paix.

SUETONE, Vie des douze Césars , Néron, XIII : " ... on rangea des cohortes en armes près des temples du forum, et Néron siégea sur une chaise curule à la tribune aux harangues, en habit de triomphateur, entouré d'enseignes et de drapeaux. D'abbord, Tridate (le roi d'Arménie) vint, en montant par une rampe s'agenouiller devant Néron, qui le releva de la main droite et lui donna l'accolade ; puis l'empereur, sur ses prières, lui enleva sa tiare et le couronna d'un diadème, tandis qu'un ancien préteur répétait en latin à la foule les paroles du suppliant ... Salué impérator pour ce fait, Néron porta au Capitole une couronne de laurier et ferma le temple de Janus à deux têtes, estimant qu'il ne restait plus aucune guerre ."

OVIDE, Fastes , I, Janvier, 1, 277-288 (Ovide parle avec Janus) "... Mais pourquoi vous cacher pendant la paix, et sortir de votre retraite au cliquetis des armes?" - Je reçus aussitôt cette réponse: "Pour que le peuple, parti pour la guerre, ne rencontre aucun obstacle à son retour, les serrures tombent, et ma porte s'ouvre tout entière; la guerre terminée, je ferme mon temple, pour que la paix ne trouve aucune issue, et il en sera longtemps ainsi, grâce au nom redouté des Césars.