Informations historiques :

Passionné par l’art et la culture grecque, Néron va établir de nouveaux jeux à Rome. Suétone nous commente la création de ces jeux : « il institua en outre, chose entièrement nouvelle à Rome, un concours quinquennal triple, suivant l’usage grec –musical, gymnique et hippique–, auquel il donna le nom de Neronia » (SVET. Nero 12). Tacite nous indique que la première édition de ces jeux eut lieu en 60. Peut-être doit-on y rattacher l’émission en 62 de l’as au type d’Apollon, car c’est la même année qu’est émis ce semis représentant une table de prix agonistiques, portant la titulature CERTAMEN QUINQ ROM CO (Certamen quinquennale Romae constitutum).

On y voit, posés sur la table, un vase, servant certainement d’urne pour le votes de juges, et une couronne, réservée au vainqueur. Au pied de la table, on voit un disque, comme le pense D. Sear, ou bouclier rond, comme le pensent le BMCRE et le RIC. Reste à savoir si le concours gymnique comportait une épreuve de lancer du disque ou de course en armes… Cette émission de 62 vient commémorer les jeux de 60, pendant lesquels Néron s’est vu remettre trois couronnes pour ses victoires : la couronne d’éloquence et de poésie latine, et la couronne des joueurs de lyre (SVET. Nero 12).

On peut remarquer dans l’institution de ces jeux le goût qu’avait Néron pour l’hellénisme. En premier lieu, on constate que ce sont des jeux quinquennaux, comme les Jeux Olympiques grecs. Ensuite, Suétone nous indique qu’« aux luttes athlétiques, il invita même les Vestales, parce qu’à Olympie même les prêtresses de Cérès sont admises à ce spectacle » (ibidem). On peut donc dire que les deux types, Apollon et la table de prix agonistiques sont étroitement liés, et contribuent à présenter Néron comme le vainqueur de ces jeux, donc comme un artiste hors pair, et à le peindre également comme un prince qui prend soin de son peuple en lui offrant des jeux.

Une seconde émission de semis portant le même revers a lieu à Rome, en 64, sans doute pour annoncer la seconde édition des Neronia. Suétone (SVET. Nero 21) prétend que Néron les a anticipées en raison de sa volonté de chanter devant le public romain encore une fois. Cependant, Tacite les place en 65 (TAC. ann. 16, 2), l’année prévue par l’intervalle du quinquennat. A Lyon, enfin, en 66, une dernière émission de ce type de semis est frappée, pour commémorer l’événement que furent les Neronia de 65, que Tacite décrit à peine (TAC. ann. 16, 4-5). Il est à noter que la création de tels jeux, en l’honneur de l’empereur, trouvent leur inspiration dans la période hellénistique : au départ, la création de jeux se faisait en l’honneur d’un monarque divinisé, donc mort. En effet, les Ptolemaïa avaient été organisées par Ptolémée II en l’honneur de son père. Néron anticipe en quelque sorte sa divinisation en créant de son vivant et de son propre mouvement les Neronia.

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