Informations historiques :

Rome est présentée victorieuse, comme la Virtus. La proximité du thème de ces deux monnaies établit entre elles une relation de cause à effet. Si Rome est victorieuse, elle le doit à la Virtus de Néron. Le lien étroit qui existe entre ces deux pièces fait qu’elles ne seront jamais émises l’une sans l’autre, alors que le denier de Cérès, comme on l’a vu, disparaît à partir de 62-63. On peut se demander quelle inscription Rome s’apprête à graver sur le bouclier. La proximité des deux pièces amènerait à penser que ce bouclier est sans doute un clipeus virtutis, comme Auguste en avait reçu un. Si l’inscription SPQR CL V, qui se trouvait sur le clipeus des frappes espagnoles du denier d’Auguste, n’est pas représentée, on reconnaît tout de même l’inspiration du thème. On sait d’ailleurs que Néron, dans son discours de prise de pouvoir, déclara qu’il se réclamait d’Auguste.
Ces émissions, représentant Cérès Virtus et Roma, sont donc étroitement liées au domaine de la guerre. Du monnayage de Néron, c’est peut-être les monnaies dont il serait le plus à propos de parler de propagande, voire de démagogie. En effet, ce monnayage, qui persiste jusqu’en 64, accompagne la guerre d’Arménie jusqu’à sa résolution en 63, ainsi que la révolte de Boudica en Bretagne. Or, si l’on en croit Suétone, la révolte fut un désastre (« clades Britannica », SVET. Nero 39) et la guerre d’Arménie une défaite honteuse (« ignominia », SVET. Nero 39). Tacite confirme : gravis clades in Britannia accepta (TAC. ann. 14, 29). Cependant, le monnayage présente Rome comme victorieuse.